Une société violente ? Enquêtes sur les violences quotidiennes et ordinaires dans la Rome républicaine

Date butoir. Samedi 15 avril 2023

Date et lieu de la manifestation. Jeudi 28 et vendredi 29 septembre 2023 à Paris

Cette manifestation scientifique est organisée par Robinson Baudry (Université Paris Nanterre), Audrey Bertrand (Université Gustave Eiffel) et Raphaëlle Laignoux (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Le présent appel s’adresse aux doctorants en fin de thèse, ainsi qu’aux post-doctorants ayant soutenu il y a moins de cinq ans. Il concerne un colloque scientifique qui constitue la quatrième édition de rencontres de spécialistes de la République romaine. Au départ destinées aux « jeunes républicanistes du monde romain », ces rencontres scientifiques souhaitent désormais s’ouvrir plus largement. L’objectif de ces rencontres régulières est en effet de renforcer les liens institutionnels et scientifiques entre les membres d’un réseau principalement composé de chercheurs travaillant en France, mais amené aussi à s’ouvrir ponctuellement, en fonction des thématiques abordées, à des collègues étrangers. Promouvant le renouveau des problématiques et des approches sur la République romaine, les rencontres entendent par ailleurs donner également la parole aux plus jeunes chercheurs, de manière à mettre en lumière des travaux récents ou en cours, qui peinent souvent à trouver un espace d’expression.

Concept mobilisable par l’ensemble des sciences sociales, la « violence », entendue comme la mise en œuvre d’une force ou d’une contrainte, a suscité depuis plusieurs années un fort intérêt dans le champ des études antiques, d’où émergent récemment des travaux novateurs, tant au regard des champs investigués (le corps du soldat, la femme) qu’en vertu de l’outillage intellectuel convoqué en renfort de la discipline historique, notamment l’anthropologie et la sociologie. Avant cela, la société romaine avait depuis longtemps été scrutée par les historiens au prisme du surgissement de la violence dans de multiples contextes : les guerres civiles de la fin de la République, les émeutes urbaines marquées par le déchaînement de la violence populaire et la répression des pouvoirs, mais aussi l’esclavage et la dureté des existences serviles, la gladiature et les jeux du cirque, la justice et les supplices, la violence domestique à travers les parricides et la figure du paterfamilias, pour n’en citer que quelques-uns. Héritant d’une vision par trop aseptisée de la cité et de la ville antiques, nos regards contemporains ont été autant fascinés que désarmés par le jaillissement du sang et de la terreur au cœur de la civilisation. La violence n’y surgit alors que comme signe du dérèglement, de l’anomie, ou appartient au régime de l’exceptionnel.

Outre ces situations d’exaspération de la violence, l’ambition de ce colloque est de prolonger la réflexion vers les violences ordinaires. D’une part, des violences verbales et physiques quotidiennes qui traversent Rome, une ville où l’on travaille durement, où l’on lutte pour survivre, où l’on souffre, où les hiérarchies socio-économiques sont exacerbées. Et d’autre part, les violences symboliques observables au sein de la société romaine et que les travaux d’histoire culturelle, sociale, politique révèlent depuis plusieurs décennies maintenant. Si l’on entend ou lit volontiers que notre « société est de plus en plus violente », qu’il existerait une « violence endémique » mesurable à l’aide d’indicateurs chiffrés, que signifient ces formules appliquées aux sociétés anciennes ? La question mérite d’être posée, alors même que nos conceptions de la violence évoluent rapidement. Quelles formes de violences ordinaires sont-elles observables à Rome et en Italie durant l’époque républicaine et dans quelle mesure les contemporains y ont-ils été sensibles et les ont-ils tolérées ? Qu’elles se jouent dans la rue, derrière les murs des habitations, dans les ateliers ou dans les assemblées politiques ; qu’elles s’exercent sur les corps ou aux dépens de la dignitas d’un individu ; qu’elles soient le fait des institutions ou d’un environnement naturel ou socio-économique spécifique, il s’agira de se demander s’il est légitime de faire dialoguer ces formes de violence malgré leur hétérogénéité et si le concept de « société violente » offre alors un outil heuristique valable aux historiens. Les réflexions entendent ainsi accorder toute leur place aux réactions suscitées par ces formes de violence afin de tenter de saisir la perception romaine d’une « société violente » : condamner, refuser, éviter, réparer, apaiser, autant de voies pour circonscrire une constellation d’actes perçus comme violents par les Anciens eux-mêmes et qui offrent aux historiens une voie pour définir les seuils de refus ou d’acceptabilité.

Envoi des propositions

Il est attendu des propositions qu’elles se rattachent à l’un ou l’autre de ces axes problématiques. Toutes les propositions seront examinées par le comité scientifique et pourront être retenues en fonction de leur pertinence.

Les dossiers de candidature, composés d’une présentation succincte du parcours de l’orateur, ainsi que d’un titre et d’un résumé de la communication d’environ 500 mots devront parvenir aux membres du comité d’organisation (rbaudry@parisnanterre.fr ; audrey.bertrand@univ-eiffel.fr et raphaelle.laignoux@univ-paris1.fr).

L’organisation du colloque financera le transport et l’hébergement.

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