Dialogues d’histoire ancienne

L’édition est indispensable dans la diffusion et le développement de la recherche. En effet, celle-ci fonctionne en réseau : les chercheurs ont besoin des découvertes et réflexions des autres, afin de construire la leur. C’est tout l’intérêt de l’édition scientifique de publier et de donner accès aux recherches pour continuer à avancer dans la connaissance.

C’est dans ce  cadre  que  nous  avons  décidé  de  présenter  la revue Dialogues  d’histoire  ancienne (DHA), qui cherche à répondre à cet enjeu. Cette revue peu connue au sein de l’université mais pourtant si importante dans la recherche, fête ses 50 ans cette année.

Éditorial du premier numéro des DHA

L’idée de lancer une nouvelle revue consacrée à l’Antiquité est née dans un groupe d’amis. Ce point de départ permet de préciser nos prises de position. Il nous paraît en effet essentiel d’accueillir et de regrouper les chercheurs qui travaillent à re- nouveler le contenu de l’histoire ancienne dans ses perspectives globales et à partir d’une approche méthodologique prenant en compte la totalité des champs d’investigation. Nous pensons que c’est seulement à ce prix et dans le cadre d’une véritable collaboration internationale dépassant la simple collection ou juxtaposition d’informations hétérogènes que peut s’approfondir aujourd’hui le débat sur les structures et la spécificité des sociétés antiques et sur leur place dans le développement des sociétés humaines.

 

À cette fin nous souhaitons établir un échange permanent entre les différents collaborateurs, dans un esprit de discussion largement ouvert et constructif. La revue comprendra tant des analyses théoriques et problématiques et des articles consacrés à une question précise que des publications de documents ou de découvertes. Il n’y aura pas de comptes rendus bibliographiques systématiques, mais la parution d’un travail novateur pourra éventuellement donner lieu à un dialogue.

 

Le 20 mai 1974.

Origine et présentation des DHA

La revue Dialogues d’histoire ancienne (DHA) est créée en 1974, par Pierre Lévêque avec l’appui de l’historienne Monique Clavel-Lévêque, son épouse, et d’un groupe d’amis. Pierre Lévêque était historien, spécialiste de la Grèce antique et professeur d’histoire ancienne à l’université de franche-Comté, à Besançon, depuis 1957. En 1974, il était déjà influent grâce à ses travaux et faisait partie d’un réseau inter- national de chercheurs en histoire antique. Certains d’entre eux étaient membres du Groupe International de recherche sur l’Esclavage dans l’Antiquité (GIREA). C’est dans la continuité de la publication des actes de colloque du GIREA que Pierre et Monique Lévêque ont eu l’idée de créer une revue plurilingue qui mette en avant la recherche et fasse dialoguer les spécialistes entre eux. L’objectif initial était de donner un moyen d’expression à

tous les chercheurs, quelle que soit leur notoriété, leur âge et leur nationalité. La revue, internationale, est alors annuelle, permettant avant tout aux historiens de connaître l’actualité de la recherche en histoire antique. La revue se différencie également par ses centres d’intérêt, l’idée n’est pas de s’intéresser aux grands personnages et aux grands événements historiques mais plutôt aux faits quotidiens sociaux, économiques, politiques, culturels et religieux.

La renommée des DHA réside dans sa sélection d’articles pertinents et uniques, validés  par  un  comité  de  lecture  scientifique  international.

La revue s’intègre dans l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité (ISTA) fondé en 1967 sous le nom de « Centre d’Histoire Ancienne » ; il est renommé en 1998. L’institut regroupe des chercheurs en histoire, histoire de l’art, archéologie, droit, littérature et civilisation, spécialisés dans l’Antiquité. Le centre de recherche est situé aux n° 30-32 de la rue Mégevand à Besançon et s’intéresse aux questions sociales et culturelles de l’époque antique, à leur compréhension et à leur transmission. Il est constitué de différents pôles : la recherche, la documentation, la production de contenus numériques et l’édition. Le travail éditorial se concentre sur la production d’un contenu spécialisé dans l’Antiquité et accueille le travail de chercheurs français et étrangers.

Que sont les DHA ?

La revue DHA est composée d’articles, de chroniques, de comptes rendus, et de notes de lecture sur les grands axes de recherche portés par l’ISTA, qu’ils soient ancrés ou encore émergents dans le champ des sciences de l’Antiquité. Sous la direction d’Antonio Gonzales depuis 2005, elle est pluridisciplinaire et contient des articles de la recherche en archéologie, histoire de l’art, études classiques, histoire, etc. Depuis 1981, la revue est soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS (INSHS).

En 1997, les Presses Universitaires de franche-Comté (PUfC) sont créées, afin de regrouper les différentes collections universitaires au sein d’un même éditeur local. Ainsi, les publications de l’ISTA constituent une des collections des PUfC. Le public de la revue est essentiellement universitaire, comme celui des PUfC mais avec la spécificité que les DHA s’adressent plutôt aux chercheurs et étudiants qui s’intéressent à l’histoire et à la littérature des mondes anciens.

Le travail d’édition du service de publications de l’ISTA (et donc des DHA) est réalisé par Laurène Leclercq, secrétaire d’édition. Elle est suppléée par le concours de collaborateurs : des contractuels et vacataires qui s’occupent de la publication assistée par ordinateur (PAO) de certains ouvrages ; Julie Gillet, secrétaire d’édition et maquettiste au sein des PUfC pour la réalisation des couvertures et les alternants et stagiaires qui effectuent certaines des tâches éditoriales. La publication dans les DHA se fait sans frais pour les auteurs et les subventions pour les collectifs sont bienvenues mais non conditionnelles. Aujourd’hui, la revue est disponible en version papier, à 40 euros le numéro des DHA et à tarif variable pour les suppléments, ainsi qu’en accès libre immédiat sur Cairn. La revue fonctionne en autofinancement, cela signifie que la vente des numéros permet la réalisation des suivants, avec parfois des subventions pour les numéros thématiques.

Evolution de la Revue de 1974 à 2024

Le premier numéro des DHA est publié en 1974 puis le deuxième en 1976, date à laquelle la revue devient annuelle, afin de répondre aux nombreuses demandes de publications. C’est à partir du numéro 15/1, en 1989, que les DHA deviennent semestriels. En 1998, un catalogue raisonné a été réalisé. Il s’agit d’un recueil historiographique commenté reprenant la production scientifique de la revue entre 1974 et 1997. En 2005, le premier supplément des DHA est publié, il rend hommage à Pierre Lévêque décédé quelques mois auparavant. Aujourd’hui, deux suppléments sont édités par an. Chaque numéro rassemble des articles autour d’une même thématique.

Les acteurs

En 1997, Pierre Lévêque quitte la direction des publications de l’ISTA. Il propose alors à Jacques Annequin, historien, de prendre la direction de la publication des DHA. Il reste membre de la rédaction et Monique Clavel-Lévêque reprend la direction des publications de la collection. Enfin, en 2005, c’est le directeur actuel de l’ISTA, Antonio Gonzales, également historien, qui succède à Jacques Annequin.

Évelyne Geny intègre le laboratoire en 1971 et devient secrétaire de rédaction pour la collection puis pour les DHA à partir de 1974. Elle est alors en relation avec les auteurs, s’occupe de la réception des textes, de leur mise en page, et de leur impression. Évelyne Geny faisait parfois des corrections sur le contenu alors qu’aujourd’hui c’est un travail réservé au comité d’experts. Le métier a largement évolué entre 1974 et aujourd’hui, notamment du fait des évolutions techniques. En 2014, lorsqu’Évelyne Geny part en retraite, Laurène Leclercq passe un concours et obtient le poste. Ainsi elle reprend le travail de publication, après trois ans en tant que renfort à l’ISTA, en parallèle de sa thèse.

Le graphisme

Nous devons le design de la première couverture au choix iconographique de Monique Clavel-Lévêque qui souhaitait un visuel très simple, presque dépouillé : une couverture blanche avec des flèches rouges qui pointent dans tous les sens, symboles des dialogues et des échanges que permet la revue. Lorsqu’en 1989 la revue devient semestrielle, cela se manifeste par un changement exceptionnel du visuel de la couverture. Les éléments rouges deviennent verts le temps d’un numéro. En 1994, François Lévêque, fils de Pierre Lévêque, propose un nouveau design pour la couverture, plus coloré, qui est adopté à partir du numéro 20/2. En 1998, le nouveau directeur, Jacques Annequin, opte pour le graphisme actuel : une couverture et une ligne simple accompagnées de rouge pour le texte, rappelant la sobriété de la toute première couverture. C’est également à cette date que la revue change sa maquette, afin de répondre aux normes de la bibliographie internationale.

En 2005, le premier supplément thématique est publié. Et si les couvertures des différents numéros des DHA sont identiques, depuis 2016 chaque supplément possède un design de couverture différent, afin d’avoir une identité qui lui est propre et d’être plus attrayant à des fins commerciales.

Les techniques

Dans les années 1970, pour mettre en page les numéros de la revue, on utilisait le système de la photocomposition à l’aide d’une machine nommée « Composphère » ou « machine à écrire IBM, à boule ». Ce système permettait de dactylographier des caractères de plusieurs langues, notamment le grec, pour ensuite les scanner et les réinsérer dans le texte.

Dans les années 1980, l’université investit dans des ordinateurs qui possèdent les caractères grecs. Cependant, le manque d’uniformisation des polices de caractères non-latin, imposait à Évelyne Geny, de se rendre directement chez l’imprimeur pour dactylographier à nouveau les caractères avec leur police.

C’est dans les années 1990 que le standard informatique « Unicode » apparaît. Ce système de codage, encore employé de nos jours, permet l’échange de textes dans différentes langues et universalise de nombreuses polices d’écriture quel que soit le logiciel ou la plateforme utilisés. L’avènement du World Wide Web Consortium (W3C) en 1994 permet la standardisation du web, facilitant la diffusion numérique des contenus à l’international.

En 2011, le projet Métopes se développe ; il vise à encadrer la publication papier et numérique. Sur le modèle du Single Source Publishing (publication à source unique), le principe reposant sur le fait qu’un même dossier source peut être utilisé sur différents médias et à plusieurs reprises.

Désormais, les avancées techniques sont plus lentes. Toutefois, les logiciels utilisés en édition continuent d’être mis à jour dans le but de les rendre toujours plus fonctionnels et performants ; les modes de diffusion évoluent également, c’est pourquoi il faut continuellement s’adapter. Actuellement, le service de publications doit intégrer une nouvelle exigence, les balises ALT. Il s’agit de textes alternatifs associés à une image sur une page internet permettant de donner une description du visuel à l’écran. Ce système permet un meilleur référencement des images sur internet et donne accès à la description audio d’un contenu visuel, utile par exemple aux personnes malvoyantes.

La diffusion

Un système d’abonnement à la revue existe depuis 1974, il est encore utilisé, notamment par les bibliothèques qui préfèrent souvent avoir la version papier plutôt que la version numérique. Les ouvrages publiés par les Presses Universitaires de franche-Comté sont distribués par le biais de la fondation maison des sciences de l’homme (fMSH), une société de diffusion et de distribution spécialisée dans le livre scientifique. On retrouve ainsi les DHA en librairie sur commande et en accès libre numérique ainsi que sur des salons, notamment le salon du livre « Les rendez-vous de l’histoire », à Blois.

Par ailleurs, la revue et ses suppléments participent à un système d’échange avec de nombreuses institutions et revues scientifiques françaises et étrangères.

On retrouve en accès libre (ou open access) les DHA sur Cairn, à partir de 2007. Depuis janvier 2023, l’accès libre est immédiat, tandis qu’auparavant la disponibilité des numéros sur la plateforme était régie par le système de la

« barrière mobile ». C’est-à-dire que lorsqu’un numéro était publié, il était mis à disposition sur Cairn mais son accès était payant pendant un an à compter de la date de publication, puis au terme de cette année, son accès devenait libre et gratuit. En outre, depuis 2009, les DHA et leurs suppléments sont disponibles sur le portail Persée qui est un portail patrimonial. Les DHA ont été l’une des premières revues à intégrer Persée, cependant les prochains numéros ne seront plus mis à disposition sur ce site, puisqu’ils seront en accès libre immédiat sur Cairn.

La diffusion en ligne était encore récente au début des années 2000 et pouvait être vue comme un danger, cependant, les acteurs des DHA ont pris le risque et se sont rendus compte que cela apportait une plus grande visibilité à la revue sans pour autant en diminuer les ventes. Ce travail de mise à disposition en ligne a nécessité l’autorisation de tous les auteurs ayant écrit dans les DHA. Si le numérique apporte de nouveaux lecteurs et facilite l’accès international, les chargés d’édition des DHA restent attachés à l’impression de la revue pour une diffusion papier.

Lorsqu’un nouveau numéro paraît, il nécessite très peu de publicité car les DHA bénéficient généralement de ventes régulières avec en plus un nombre d’abonnés stable. En effet, la revue étant spécialisée, elle s’adresse à un public précis et restreint, principalement européen, africain et américain, qui ne varie que très peu. La publicité émise est faite sur le site internet de l’université, au sein de l’UfR SLHS par des affiches et sur les réseaux sociaux des PUfC.

Les soutiens et la reconnaissance

En 1981, à partir du numéro 07, les DHA obtiennent le soutien du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), mention figurant sur les couvertures. Cela montre que la qualité de la publication est officiellement reconnue. En 2004, la direction du département Sciences de l’Homme et de la Société du CNRS a classé les DHA parmi les périodiques relevant d’un soutien à publication sur papier et en ligne, car le CNRS encourage les publications scientifiques qui s’ouvrent au libre accès, c’est-à-dire à la diffusion numérique de l’édition scientifique. Par la suite, en 2015, les DHA sont classées catégorie A (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur – AERES) et International I (European Reference Index for the Humanities-European Science fondation-ERIH PLUS), le plus haut niveau de classement pour une revue scientifique.

 

Elia Coulot, Marie Noirot et Kateri Soulard

Master 2 Cursus Master en Ingénierie, Edition Numérique et Patrimoines de l’Antiquité à nos Jours

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