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20 – Satyricon (1969)

Satyricon, réalisé par Federico Fellini (1969) – 129 minutes // titre original italien : Fellini Sayricon // Encolpe : Martin Potter ; Ascylte : Hiram Keller ; Giton : Max Born.


© Federico Fellini – PEA, Les Artistes associés.

Nous sommes nombreux – peut-être en faites-vous partie – à garder en mémoire les stigmates du visionnage du Satyricon en cours de latin au lycée. En 1969, Fellini adapte au grand écran le fameux « premier roman de l’histoire », un film haut en couleur, qui laisse inévitablement un souvenir marquant au spectateur.

Le Satyricon, attribué à Pétrone, est une œuvre littéraire qui nous est parvenue sous une forme très lacunaire. Sa réputation d’être l’un des premiers romans de l’Antiquité tient au fait que l’auteur mélange vers et prose, pour nous livrer un récit décadent de la bourgeoisie romaine du Haut-Empire. Petrone met en scène Encolpe et Ascylte qui se disputent l’amour du jeune Giton. Nous suivons alors dans plusieurs extraits le périple de ce triangle amoureux. Le peu de passages conservés suffisent à comprendre le ton très satirique de l’auteur, qui dépeint une Rome décadente et scandaleuse.

Fellini, qui garde un souvenir ému de la lecture du roman dans sa jeunesse, s’essaye au péplum à travers ce film. Il va à la fois retranscrire fidèlement certains passages marquants du roman, mais va aussi s’inspirer librement du côté lacunaire de l’œuvre pour développer une vision onirique qui, à la fin, flirt avec la science-fiction. Dès le début, Ascylte et Encolpe nous exposent l’intrigue de leur rivalité amoureuse en regardant le spectateur droit dans les yeux. Un type de plan que l’on retrouve tout le long du film, incluant le spectateur et instaurant un malaise qui ne le quittera pas. Nous sommes pris en otage et ferons partie de leurs aventures jusqu’à la fin. Pièce de théâtre sanglante, festin démesuré, épopée en mer, combat contre un minotaure, nous sommes embarqués dans un long voyage empli de désir et de violence.

Martin Potter sur le tournage en 1969, Produzioni Europee Associati, Public domain.

Le film ne manque pas de surprendre par sa modernité. Les décors à la fois sobres et monumentaux font penser à une gigantesque pièce de théâtre contemporaine. Très épurés, monochromes et au final anecdotiques, ils permettent de mettre en avant les protagonistes, dont les tenues et les maquillages allant du doré au chromé, en passant par du rouge, du bleu, du vert, ne passent pas inaperçus.

S’il y a une scène qu’il faut voir du Satyricon, c’est bien celle du banquet de Trimalchion. Chez Pétrone, c’est le plus long extrait conservé qui nous dépeint le banquet gargantuesque de ce personnage, un affranchi nouveau-riche, auquel nos protagonistes sont conviés. Ce célèbre passage satirique est une longue description du faste et du mauvais goût de cet hôte qui cherche à légitimer sa position sociale. Orgie de nourriture et spectacles en tout genre, Fellini n’a eu qu’à retranscrire fidèlement la scène pour montrer le ridicule de Trimalchion. Le reste du film est réinterprété par Fellini, qui a préféré imaginer les passages manquants chez Pétrone et multiplier les aventures rocambolesques du trio.

Malgré son caractère étonnamment moderne pour l’époque, on retrouve dans l’œuvre de Fellini les codes du péplum de l’époque et d’aujourd’hui : personnages fardés, violence, décadence et somme toute plus de chairs que de vêtements. Le Satyricon n’est certes pas un film familial à regarder au coin du feu, il requiert peut-être un certain recul et une maturité pas encore acquise à dix-huit ans pour l’apprécier, mais il reste une expérience à vivre, et sa vision de l’Antiquité fantasmée en fait un film haut en couleur, et n’est-ce pas ce que l’on attend avant tout d’un péplum ?

Méganne Moulon

Doctorante en histoire de l’art antique

Université Bordeaux Montaigne, Ausonius


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Méganne Moulon (20 décembre 2024). 20 – Satyricon (1969). Actualités des études anciennes. Consulté le 22 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12yy9


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